4 000 médecins forcés de payer pour travailler – Agissons avant le 1er octobre
À l’attention de :
Madame Elisabeth Borne, Ministre de l’Éducation nationale
Monsieur Yannick Neuder, Ministre de la Santé et de l’Accès aux soins
Le problème : 15 jours avant le chaos
Les médecins PADHUE (Praticiens à Diplôme Hors Union Européenne) font face à un système profondément injuste en France. Ces professionnels qualifiés avec 10 à 15 ans d’expérience, ayant réussi les concours nationaux français, affrontent aujourd’hui l’impossible.
Votre arrêté du 28 août 2025 leur impose une formation initiale non diplômante, hors temps de service et à leurs frais, tout en exigeant leur présence complète à l’hôpital. Cette double contrainte est matériellement impraticable et humainement destructrice.
L’équation impossible à partir du 1er octobre :
10 demi-journées d’hôpital + 4 demi-journées universitaires + gardes obligatoires + examens = 14 demi-journées dans une semaine qui n’en compte que 10.
C’est mathématiquement impossible. C’est voulu. Et dans 15 jours, ça devient réalité.
Conséquences concrètes : le piège parfait
Surcoût financier écrasant
Entre 497€ et 25 000€/an à la charge du praticien (inscription, transport, hébergement). Pendant ce temps, l’interne français est payé 25 000€ pour la même formation. C’est 50 000€ d’écart par an pour le même enseignement.
Surcharge temporelle intenable
Vendredi 3 octobre : l’urgentiste a un partiel à 8h. Il est de garde ce jour-là. Que fait-il ?
- Il va au partiel → abandon de poste → sanctions → “incapacité à exercer” → suspension → prolongation du parcours
 - Il assure sa garde → échec à l’examen → redoublement → année supplémentaire → boucle sans fin
 
Lundi soir : le médecin finit sa garde de nuit à 8h30 après 14 heures non-stop. Cours obligatoire à 8h à 150 km. Physiquement impossible.
Le scandale absolu : pas de diplôme – La violation de la loi
La loi impose qu’une formation initiale débouche OBLIGATOIREMENT sur un diplôme d’État (Article L631-1 du Code de l’éducation). Pourtant, l’arrêté du 28 août 2025 supprime sciemment ce diplôme. Un simple arrêté ne peut pas annuler la loi.
Le cynisme est total : ils ont choisi la formation initiale – totalement inadaptée pour des professionnels en poste depuis 10-15 ans – puis ont supprimé son seul avantage : le diplôme. Tous les inconvénients (coûts à votre charge, hors temps de travail, aucune protection), aucun bénéfice.
Pourquoi ce choix absurde ? La formation continue aurait coûté 400 millions d’euros par an à l’État (Code du travail L6321-2 : formation obligatoire = salaire maintenu). Alors ils ont préféré violer la loi et les exploiter.
Résultat : même après 10 ans de formation réussie, zéro diplôme. Zéro reconnaissance. Bloqués à vie en France.
Fait révélateur : cet arrêté qui bouleverse 4 000 vies et engage 400 millions d’euros n’a même pas été signé par les ministres concernés. Pas de signature de directeur non plus. Ni même de sous-directeur. L’arrêté a été relégué à de simples adjoints de troisième niveau hiérarchique. Pour une décision de cette ampleur, c’est sans précédent. Même ceux qui imposent ce système n’osent pas y associer leur nom.
L’arbitraire de “l’adaptation à la situation individuelle”
Aucune règle, aucune durée définie. Certains sortiront en 6 mois s’ils ont de la chance. D’autres resteront bloqués 5 ou 10 ans si leur hôpital préfère les garder à 60 000€/an plutôt que payer un intérimaire à 300 000€/an.
L’ampleur du désastre annoncé
8 400 praticiens concernés : 4 000 immédiatement + 4 400 fin 2025
Ces médecins exercent majoritairement dans les déserts médicaux. Ils sont souvent les SEULS spécialistes de leur territoire. S’ils craquent, ce sont des services entiers qui ferment.
L’État économise 400 millions d’euros par an avec ce système. Sur le dos de ceux qui acceptent d’exercer là où personne ne veut aller.
Sans cadre de formation continue, ils sont maintenus dans l’incertitude permanente, l’équipe déstabilisée, la prise en charge dégradée.
Ce que nous demandons – La solution légale existe
- Formation Continue intégrée au planning, comptée comme temps de travail et rémunérée (Code du travail L6111-1 et L6321-2)
 - Zéro reste à charge pour les formations obligatoires – prise en charge employeur (Directive européenne 2019/1152
 - Convention claire établissement-université-praticien avec objectifs, échéances, remplacements et responsabilités définis
 - Durée bornée et diplôme délivré à l’issue du parcours – fin des boucles sans fin et de la séquestration territoriale
 
C’est le cadre normal de tout professionnel en poste. C’est la loi. C’est ce qui se fait partout. Sauf pour ces 4 000 médecins.
Pourquoi agir maintenant ?
Le 25 septembre, un recours pour excès de pouvoir et référé-suspension sera déposé. Les violations sont flagrantes. Mais la justice prend des mois, parfois des années.
Le 1er octobre, le piège se referme. Les premiers conflits garde/examen surviendront. Les premiers médecins craqueront. Les premiers services fermeront.
Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, vous avez encore le pouvoir d’éviter ce désastre. Un simple arrêté modificatif. Suspendez cette aberration. Basculez en formation continue. C’est tout.
L’appel final
Ces médecins ont quitté leur pays pour servir la France. Ils acceptent les postes les plus difficiles, les gardes que personne ne veut, les territoires abandonnés. Ils ne demandent pas de privilège. Ils demandent l’application du droit commun.
Ensemble, demandons une solution praticable, juste et cohérente avec la réalité de l’hôpital : une Formation Continue intégrée, sans double journée, sans charges indues, et une reconnaissance claire du parcours.
Parce que soigner ne doit jamais signifier s’épuiser entre deux systèmes qui se contredisent.
Chaque signature compte. Ces médecins qui vous soignent à 3h du matin ont besoin de vous maintenant.
Il reste 15 jours. Après, il sera trop tard.
Sami Mhidia
							



